Quels seraient vos quelques mots de conclusion ?
25/12/2018
Les stratégies de reconnaissance à l’ère du Big Data
En quoi l’arrivée du Big Data a-t-elle changé l’approche des entreprises en matière de stratégies de reconnaissance ?
Denis Machuel : Encore récemment, pour concevoir leurs programmes d’avantages et récompenses aux employés, les entreprises se fiaient aux remontées du terrain ou à leur intuition et rarement à des données concrètes. La plupart de ces programmes consistaient en des solutions prêtes à l’emploi, dont le succès auprès des salariés, en particulier en termes de participation, d’engagement et d’implication, était par conséquent très aléatoire.
Le paysage a beaucoup évolué. Aujourd’hui, les entreprises disposent de mines d’informations, qui leur permettent d’identifier des catégories de populations, des enjeux de santé, des besoins en ressources humaines et d’autres problématiques propres au monde du travail. C’est dans cette optique que les entreprises sont donc passées d’un modèle unique passe-partout à des programmes sur-mesure parfaitement adaptés aux besoins de chacun.
Quel est l’intérêt d’un tel niveau de personnalisation ?
D.M. : Grâce à la Data, on peut désormais mesurer la fréquence d’utilisation des avantages et récompenses proposés dans une entreprise, à l’aune de critères comme l’âge, le lieu, etc. Ces informations en temps réel permettent aux entreprises d’apprécier l’intérêt de leurs collaborateurs pour les avantages offerts et donc l’efficacité de leur programme. Et surtout, elles leur permettent de les adapter et de les réorienter en conséquence. En disposant de données adéquates, les entreprises peuvent ainsi développer des programmes favorisant la qualité de vie des employés qui soient à la fois plus forts et plus adaptés.
Le Big Data fait-il naître des défis inédits ?
D.M. : Le Big Data a deux visages. Outil incroyablement puissant pouvant produire de grandes choses, ou menace pour la vie privée et la protection des données : tout dépend de l’usage qui en est fait. L’accès aux données personnelles et sensibles fait naître de grandes responsabilités. Il est primordial que les entreprises développent ce sens des responsabilités en abordant le Big Data, car ses implications éthiques et juridiques peuvent aller loin.
Une nouvelle réglementation sur la protection des données doit entrer en vigueur en Europe en 2018. Pluxee s’y conformera à la lettre, cela va de soi, mais entend aller au-delà et placer au premier plan la protection des données pour en incarner scrupuleusement l’esprit.
Quelles sont concrètement les mesures prises par Pluxee pour garantir la vie privée et la sécurité des données ?
D.M. : Nous mettons actuellement en place des groupes de travail transversaux et à la création des flux de travail nécessaires pour assurer la protection des données et le respect des dispositions réglementaires en vigueur dans le monde. Nous avons recruté des spécialistes des données, qui travaillent en collaboration avec nos équipes finance, informatique et juridique, toutes trois concernées par le Big Data.
Une fois ces groupes de travail en place, comment Pluxee va-t-il poursuivre son exploitation du Big Data ?
D.M. : Nous allons poursuivre de façon très concrète. Par exemple, nous venons d’investir dans Wynd, une start-up qui va nous aider à articuler nos Services sur Site et nos Services Avantages et Récompenses pour proposer aux consommateurs une offre bien plus large. Par exemple, dans le cadre de ce nouveau programme, les salariés qui ont accès à un restaurant d’entreprise géré par Pluxee., pourront déjeuner sur place mais aussi dans des restaurants des environs ou se faire livrer directement à leur bureau. Grâce à Wynd, nous pouvons exploiter les données, anticiper les besoins et les comportements des salariés et proposer de manière proactive tout un éventail de solutions repas.
Selon vous, le Big Data a-t-il également vocation à aider Pluxee à développer ses partenariats avec les enseignes locales ?
D.M. : Absolument. Aujourd’hui, pas moins de 1,3 million de partenaires répartis sur plus de trois millions de sites acceptent nos cartes Pluxee. Nous générons un trafic important dans ces commerces et plus nous parviendrons à établir des profils qualitatifs permettant de cerner finement les caractéristiques de nos clients, plus ces partenariats feront sens. Ces données nous permettent de créer des offres sur mesure et des solutions personnalisées pour nos consommateurs en concertation avec nos enseignes partenaires.
À quoi les entreprises doivent-elles être attentives pour réussir ?
D.M. : Amasser des montagnes de données n’est pas une fin en soi, la vraie valeur ajoutée du Big Data est de produire du sens à partir de données brutes. C’est là qu’entrent en scène les experts Big Data. Si les entreprises disposent des bonnes compétences, elles vont pouvoir exploiter ces données pour faire émerger des tendances, des scénarios et des thématiques qui leur permettront de créer des cadres de travail plus sains et d’identifier plus en amont de possibles risques en matière de santé.
En bref, l’accès aux données ne fait pas tout. Pour créer de la valeur, il faut se poser les bonnes questions : comment analyser les données ? Comment les utiliser pour adapter au mieux nos programmes et cerner les aspirations des clients et consommateurs ?
Pourriez-vous donner un exemple concret de la façon dont ces données en temps réel peuvent contribuer au succès d’un programme de reconnaissance?
D.M. : La santé et le bien-être des salariés sont un très bon exemple d’exploitation intelligente possible de la data. Des applications et des technologies faciles à utiliser peuvent renseigner les entreprises sur les habitudes alimentaires mais aussi sur l’activité physique de leurs collaborateurs. Elles pourront s’en servir pour créer des programmes qui motiveront les salariés, ce qui permettra en retour d’offrir des environnements de travail plus sains et plus confortables. La mobilité est un autre domaine en pleine évolution sous l’effet du Big Data, notamment les déplacements domicile/travail et les déplacements professionnels longue distance. Plus notre compréhension des usages et comportements est fine, plus nous pouvons optimiser les solutions, améliorer les programmes et offrir une gamme complète de services aux collaborateurs de nos clients et aux nôtres.
Quels seraient vos quelques mots de conclusion ?
D.M. : Je ne le répéterai jamais assez : le Big Data est un outil très puissant qui offre un potentiel énorme, mais la question est complexe. Il y a un équilibre à trouver pour que l’exploitation du Big Data ne se fasse pas aux dépens de la vie privée. Sa vocation est de permettre l’analyse, la compréhension et la création de solutions, pas de « surveiller » ce que font les individus. Il est vital, à nos yeux, de bien faire la part des choses.